C'est un De Vinci ? - Histoire des Chefs-d'œuvre de Budapest n°4
C'est un De Vinci ? - Histoire des Chefs-d'œuvre de Budapest n°4

C'est un De Vinci ? - Histoire des Chefs-d'œuvre de Budapest n°4

C’est à la faveur d’un séjour à Rome, de 1818 à 1824, que le sculpteur hongrois István Ferenczy (1792- 1856) fait l’acquisition de ce cavalier, alors considéré comme un bronze de la Grèce antique. Après son intégration dans les collections du musée des Beaux-Arts de Budapest, ce bronze est pour la première fois attribué à Léonard de Vinci par l’historien de l’art Simon Meller, qui y voit l’unique sculpture du maître à avoir été conservée.
Si Léonard de Vinci a reçu de nombreuses commandes d’œuvres sculptées, il n’en reste plus aujourd’hui que des traces. Ses deux projets de statues équestres monumentales ont avorté. Les troupes françaises ont détruit le modèle du monument milanais à Francesco Sforza, qui attendait d’être fondu, tandis que celui dédié à Gian Giacomo Trivulzio n’a jamais vu le jour. Quant au projet de statue pour le roi de France François Ier, son existence n’est pas établie. Hormis les témoignages enthousiastes des contemporains et les notes et esquisses du maître lui-même, nous en savons donc bien peu sur ces sculptures. Le petit bronze de Budapest évoque plutôt les chevaux en plein mouvement des dessins préparatoires à La Bataille d’Anghiari, la fresque pour le Palazzo Vecchio de Florence à laquelle l’artiste a travaillé de 1503 à 1506.

Les annotations de Léonard de Vinci sur l’une de ces études préalables, aujourd’hui conservée à Windsor, nous apprennent que le peintre se servait de modèles en cire de petite dimension pour parfaire la composition de ses scènes de bataille. Nous pourrions avoir ici affaire à une version agrandie d’un de ces modèles, fondue en bronze au début du XVIe siècle, sans doute par l’un des élèves ou des suiveurs du maître. De récentes analyses ont renforcé l’hypothèse d’une fonte réalisée à cette époque. Pour ses monuments équestres italiens, Léonard de Vinci avait d’emblée imaginé des chevaux cabrés, représentés sans le moindre support, un choix qui impliquait de surmonter des difficultés techniques considérables. On peut donc également supposer que l’attitude anormale et la forte corpulence de notre cheval témoignent de ses recherches pour assurer la stabilité d’un futur monument.
© Attribué à Léonard de Vinci, Vinci, 1452 – Amboise, 1519, Cavalier sur un cheval cabré, Début du XVIe siècle, Budapest, musée des Beaux-Arts
© Léonard de Vinci, études pour La Bataille d’Anghiari, vers 1503, Londres, British Museum. Dist. RMN-Grand Palais

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