Peinture

Nymphe à la source

NYMPHE À LA SOURCE

 

Avec ses nymphes à la source, Cranach introduit non seulement de nouveaux thèmes iconographiques, mais aussi les premiers personnages féminins en position allongée en Europe du Nord. Les nymphes s’inscrivent dans une tradition artistique qui a vu le jour avec les Vénus de Giorgione et Titien, et s’est perpétuée jusqu’aux « Olympes » de Manet. Parmi les 16 œuvres de Cranach réalisées sur ce thème, les deux premières versions sont particulièrement teintées d’influences italiennes : il s’agit des Nymphes à la source de Berlin (vers 1515-20) et de Leipzig (1518).

Les versions plus tardives, dont fait partie cet exemplaire de Washington, se distinguent par la présence de deux perdrix, ainsi que d’un carquois, avec un arc et des flèches. Le thème de la chasse rappelle les représentations de la déesse Diane. Ainsi, avec ses naïades, qui à l’époque n’appartiennent à aucun genre pictural établi, Cranach parvient à mélanger plusieurs sources. Compte tenu de l’inscription en haut à gauche, les armes de chasse prennent une signification particulière, et mettent en garde le spectateur : nul ne doit troubler le repos de la nymphe à la source. On remarque en effet que la naïade ne dort pas : ses yeux sont légèrement entrouverts, comme si elle était prête à bondir en cas d’affront. Ce personnage, comme d’autres nus de Cranach, est extrêmement ambigu.

Le corps féminin, gracieux et sensuel, invite le spectateur à se rapprocher et à ignorer tout avertissement. Même le voile transparent, qui révèle plus qu’il ne couvre, attise le désir du voyeur. Les deux perdrix renforcent la dimension érotique, puisqu’elles renvoient non seulement au thème de la chasse, mais aussi au libertinage.

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