Peinture

Les Filles de Paul Durand-Ruel, Marie Thérèse et Jeanne

Près de dix ans après leur rencontre, Durand-Ruel commande à Renoir les portraits de ses enfants, et choisit le lieu où l’artiste pourrait y travailler. Il demande à Monet, installé à Pourville, « s’il y a possibilité pour [lui] et [s]a famille de trouver une maison pour le mois d’août soit à Pourville soit aux environs de Dieppe. Je voudrais ne pas trop dépenser et cependant il me faut de la place, 5 ou 6 chambres, avec 8 lits. […] Renoir viendrait avec moi1 ». Et à nouveau deux jours plus tard : « Je m’empresse de vous faire savoir que j’ai arrêté une petite maison à Dieppe, dans la rue de Rouen. Il y a 9 lits ce qui est très suffisant pour nous et de plus un petit jardin derrière la maison. Renoir pourra y faire des chefs-d’œuvre à l’abri des yeux indiscrets du public, nous y viendrons au commencement d’août. Renoir arrivera peut-être le premier vers le 20 juillet s’il a terminé son portrait de Madame Clapisson2. »

Ces trois portraits, ainsi qu’un quatrième, Marie-Thérèse cousant (Williamstown, Sterling and Francine Clark Art Institute), peints à Dieppe, témoignent du respect et de l’amitié existant entre le marchand, sa famille et l’artiste. Renoir y dépeint un sentiment de bien-être, de sérénité et de droiture.

Joseph est assis dans un fauteuil, vêtu d’un costume chic dans des tons chauds laissant entrevoir la chaîne d’une montre gousset. Un livre entre les mains, il a un air sérieux ; son regard droit inspire confiance et rayonne de sincérité. En tant qu’aîné, il bénéficie d’une toile à lui seul ; ses frères et sœurs se partagent les autres toiles deux par deux.

Dans le portrait de Charles (1865-1892) et de Georges (1866-1931), la scène se situe à l’extérieur. Les deux hommes sont chics, vêtus de costumes trois-pièces. Charles, en costume gris clair, porte un médaillon et tient un journal ; Georges, en costume foncé, cigarette à la main, interpelle le spectateur de son regard franc.

Les deux soeurs, Marie (1868-1937) et Jeanne (1870-1913), sont assises sur un banc ; leurs robes blanches reflètent les couleurs du jardin qui les entoure. Les trois fils de Paul travailleront à ses côtés à partir d’environ 1883. Une maladie emportera Charles à l’âge de vingt-sept ans. Ses frères s’occuperont des galeries de Paris et de New York, passant alternativement chacun six mois en France et six mois aux États-Unis.

 

1. Durand-Ruel à Monet, 5 juillet 1882, ADR.
2. Durand-Ruel à Monet, 12 juillet 1882, ADR.

 

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