Dessin

Portrait de Pissarro

CÉZANNE ET SES PAIRS : PORTRAIT DE PISSARRO

 

L’histoire a gardé de Cézanne l’image d’un peintre solitaire, bougon voire sauvage. Nombre de ses pairs le percevaient comme tel. Proche du cercle des impressionnistes, Cézanne a fréquenté les réunions du Café Guerbois, mais sans jamais s’identifier pleinement à cette famille artistique. « Je ne vous serre pas la main, Monsieur Manet, je ne me suis pas lavé depuis huit jours » dit-il un jour à celui qui avait ouvert la voie vers la Modernité à toute une génération (avec Olympia ou Le Déjeuner sur l’herbe). Ainsi, son franc-parler et ses joutes verbales ont vite fait de créer la légende.

Malgré cette posture, entretenue par Cézanne, ses contemporains, à l’instar de Monet ou Renoir, l’ont admiré et ont su reconnaître l’importance de ses recherches picturales. Renoir, par exemple, s’est insurgé contre le critique d’art Castagnary en ces termes : « J’enrage à l’idée qu’il n’a pas compris qu’"Une Moderne Olympia" de Cézanne était un chef-d’œuvre classique plus près de Giorgione que de Claude Monet et qu’il avait devant les yeux l’exemple parfait d’un peintre déjà sorti de l’impressionnisme. ».

Ses liens d’amitié avec Pissarro témoignent aussi de l’affection et de l’admiration que pouvait susciter Cézanne. Les deux peintres ont en effet noué une complicité artistique extrêmement forte et se sont nourris mutuellement de leur réflexion et de leur quête. Ils ont peint côte à côte pendant de longues journées, « sur le motif », dans la campagne d’Auvers-sur-Oise ou de Pontoise. Dans sa correspondance, Lucien Pissarro évoque l’amitié entre son père et Cézanne en ces termes : « Dire lequel a influencé l’autre est impossible. Tout ce que je puis dire c’est que Cézanne a emprunté un tableau peint par Papa en 1870 pour le copier, sans doute pour se rendre compte de certaines théories »

(Auteur : Marguerite Moquet)

 

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