Peinture

Le Nègre Scipion

CÉZANNE FACE AU CORPS : LE NÈGRE SCIPION

 

La représentation du corps et de l’homme prend une place particulière dans la création de Cézanne. D’abord expression de la condition humaine (Le Nègre Scipion, 1865 ou 1867) ou du rapport de Cézanne au monde et aux femmes (Une Moderne Olympia, 1873), les figures humaines deviennent peu à peu prétexte à la recherche formelle, à la stylisation. Dans ses portraits ou dans ses représentations de Baigneuses, la figure humaine s’intègre au tableau comme un motif, un élément du paysage. Cézanne ne cherche pas à traduire la familiarité de son modèle. Bien au contraire, la figure humaine se dissout dans la composition « comme si le peintre avait peur de tout contact humain ». Les personnages existent de par leur relation avec le paysage ou le cadre (intérieur). Cézanne cherche à créer des compositions qui témoignent d’une cohérence interne dans laquelle l’homme et son environnement dialoguent de façon complémentaire et équilibrée.

Les œuvres des années 1862-1880 expriment la violence des sensations de Cézanne. Eros et Thanatos sont conviés dans ces compositions aux couleurs sombres et posées en touches épaisses sur la toile à l’aide d’un couteau. Cézanne a recours à des déformations anatomiques et des déséquilibres afin de rendre compte de ce chaos intérieur comme dans une version du Déjeuner sur l’herbe (1870) où la femme tentatrice - exagérément grande - tend une pomme au peintre assis en contrebas ou dans La Tentation de Saint-Antoine (1870) où les déformations mettent en exergue le caractère érotique du corps féminin.

(Auteur : Marguerite Moquet)

 

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