Qui es-tu, Sophie Taeuber -Arp ?

Je suis née en 1889 en Suisse, à Davos.
Dans ma Suisse natale, dès l’école, j’apprends à me servir d’un métier à tisser. Le tissage est une forme d’art qui est réservée aux femmes, ou plutôt qui ne m’est pas interdite.

Très vite, je romps avec les formes et motifs traditionnels enseignés. Je décide de créer des motifs abstraits, aux formes géométriques. Ils sont pour moi très liés au monde moderne.

Je compose avec des lignes horizontales et verticales, des carrés et rectangles dans des couleurs vives. Je les reproduis dans des découpages, des peintures, des mosaïques et même des vitraux. Je suis une artiste multidisciplinaire : je crée des meubles, des aménagements intérieurs, des tableaux et des sculptures, mais aussi des costumes, des chorégraphies et parfois des décors pour le théâtre...

Je rencontre en 1915 mon mari Hans Arp. Il est poète et artiste. Il m’introduit au groupe dada dans lequel je trouve rapidement ma place. Le mouvement dada est compliqué à expliquer, c’est même presque son but ! Il se compose de pièces de théâtre bruyantes, de lectures de poèmes qui n’ont aucun sens… De manière plus générale, dada est un mouvement mené par des artistes contre la bourgeoisie. Ces artistes protestent contre la culture de la société qui a, selon eux, mené à l’effroyable première guerre mondiale.

À la fin de la guerre, en 1918, je réalise une pièce de théâtre avec des marionnettes, le Roi Cerf. Traditionnellement, les marionnettes doivent être les plus ressemblantes possible de ce qu’elles représentent.
Mes marionnettes sont bien différentes. Je crée une nouvelle idée du corps et de sa représentation. Mes marionnettes sont composées de formes géométriques. On voit comment ces formes sont assemblées entre elles pour former des corps.

J’ai comme projet d’embellir ce qui m’entoure. J’introduis l’art abstrait partout. Je considère l’objet comme une œuvre d’art. Je ne fais pas la différence entre l’artisanat et l’art moderne. C’est pourquoi j’aime que mes œuvres soient touchées, tenues ou même manipulées dans tous les sens.

Je suis une pionnière de l’abstraction géométrique. L’abstraction géométrique est un mouvement artistique qui a recours à des formes géométriques et des couleurs disposées en aplat  

Atelier : à ton tour ! 

Maintenant, je vais t’apprendre les bases de ma pratique de l’abstraction, ça tombe bien, j’ai longtemps été professeure de design ! En tant que professeure, j’aime dire à mes élèves :

Si tu veux t’entrainer au design et à l’abstraction, dessine un carré, puis tire autant que lignes droites que tu souhaites pour sectionner le carré.
Colorie ensuite les nouvelles formes qui sont apparues dans ton carré sans dépasser les lignes. Puis, repars d’un carré vierge, et pense cette fois à des formes plus compliqués, avec des lignes courbes.
Tu commenceras peut-être encore par une ligne droite, avant de la voir onduler ou même zigzaguer dans ton carré.
Voici donc deux carrées vides pour le moment, à toi de réaliser tes propres compositions.
Pour le coloriage, je t’ai indiqué mes couleurs préférées, libre à toi d’en choisir de nouvelles.