Peinture

Autoportrait

 

AUTOPORTRAIT

 

Découvert il y a quelques dizaines d’années seulement, ce tableau est le seul autoportrait autonome connu de l’artiste. L’inscription à gauche du visage nous révèle qu’il a été achevé en 1531. La date a été repeinte, tout comme le symbole du serpent, signature de Cranach. Ce portrait de Coblence se distingue des nombreuses autres œuvres dans lesquelles l’artiste s’est représenté, que ce soit au milieu d’une scène religieuse ou parmi les courtisans. Mais c’est par sa taille et sa sophistication que ce tableau se démarque véritablement des autres portraits, pour la plupart minuscules. Le fond noir augmente l’intensité de la scène, la tête est légèrement inclinée et le regard est tourné vers le spectateur. A travers ces traits informels, qui font de ce portrait une pièce unique, le peintre construit une image de lui-même à la fois énigmatique, sérieuse et teintée d’une subtile mélancolie.

Les ressemblances avec l’autoportrait de Giorgione (Brunswick) sont frappantes, notamment la légère introspection du personnage, mais aussi l’inclinaison de la tête, tournée vers le spectateur. Cet autoportrait rappelle également le tableau de Judith à la table d’Holopherne (Gotha), datant de la même année. Cette toile et son pendant, qui montre Judith après la décapitation d’Holopherne, reflètent une situation politique de plus en plus tendue à l’époque de Cranach : Judith devient le miroir allégorique des protestants persécutés. Ces bouleversements politiques ont-ils également eu une incidence sur la réalisation de cet autoportrait ? Le regard songeur de Cranach laisse planer le doute.

 

 

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