Peinture

Bougival

Négociant en coton havrais féru d’art, Olivier Senn (1864-1959) se passionne très tôt pour l’art et s’implique rapidement dans la vie culturelle de sa ville. Né au Havre au sein d’une famille protestante originaire de Suisse, Olivier Senn étudie le droit à Paris puis s’inscrit au barreau du Havre avant de devenir administrateur de la Compagnie cotonnière, aux côtés de Charles-Auguste Marande, amateur d’art comme lui et de son beau-père Ernest Siegfried.

Son intérêt pour l’art se manifeste en 1896 lorsqu’il adhère à la Société des amis des arts, peu après son père, son beau-père et les Marande. En 1902, il en devient membre administrateur et c’est probablement à partir de là que débute sa collection. En 1906, il devient membre fondateur du Cercle de l’Art Moderne – créé sous l’impulsion des peintres Braque, Dufy et Othon Friesz – aux côtés d’autres grands collectionneurs havrais tels Charles-Auguste Marande, Georges Jean-Aubry, Van der Velde, Dusseuil…

Jusqu’en 1930, Senn enrichit sa collection d’œuvres de la seconde moitié du XIXe siècle et de pièces contemporaines avec une prédilection pour les impressionnistes (Sisley, Monet, Renoir, Guillaumin), qu’il complète d’œuvres plus anciennes d’artistes majeurs (Delacroix, Courbet) et qu’il ouvre aux néo-impressionnistes (Cross), aux Nabis (Sérusier, Bonnard, Vuillard) et aux Fauves (Marquet, Matisse).

Il s’intéresse aussi au dessin, en achetant un ensemble de plus de quarante dessins de jeunesse de Degas ainsi que des aquarelles et pastels de Boudin, Guillaumin et Cross. Ces œuvres, il les acquiert dans les galeries parisiennes Bernheim-Jeune, Druet, Durand-Ruel ou dans les salles des ventes. Collectionneur prudent, Senn n’a jamais été « le collectionneur de toutes les avant-gardes ». En dehors de Marquet, Guillaumin et Valloton, il achète peu d’œuvres contemporaines même s’il est le premier acquéreur français de De Chirico. Il y a bien une œuvre qui dénote dans sa collection, c’est Bougival du fauve André Derain. Cette toile n’a pas été acquise par Senn mais par son beau-père. Ainsi en 1905, Ernest Siegfried entend provoquer son gendre et ses goûts avant-gardistes en lui offrant cinq œuvres parmi les plus « loufoques et les plus laides » exposées au Salon des Indépendants.

 

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