Peinture

Frédéric le Sage

FRÉDÉRIC LE SAGE

 

Ce tableau représente le prince-électeur de Saxe Frédéric III (régnant de 1486 à 1525), surnommé le Sage pour son style de gouvernance avisé et réfléchi. Sur son invitation, Cranach devient peintre de cour et s’installe à Wittenberg en 1504-05. Puissant et cultivé, le souverain fait partie des protecteurs de Luther, mais ne prendra jamais ouvertement position quant à ses thèses. On raconte que sur son lit de mort, lorsqu’on lui demande de choisir entre les rites du Christianisme ancien et les rites protestants, il s’exprime enfin en faveur de la Réforme. Dürer, lui aussi proche du prince-électeur, réalise pour lui plusieurs commandes. Le portrait de Frédéric peint par Dürer en 1524 reflète la volonté et l’énergie du souverain. Si l’on compare ce portrait à celui de Cranach, datant de la même époque, on s’aperçoit que les deux artistes ont développé une technique du portrait totalement différente.

Ce tableau sobre, mais imposant, a été réalisé l’année de la mort de Frédéric, et a pu avoir été commandité par son frère et successeur Jean le Constant. Dans les années qui suivent, ce dernier commande à l’atelier de Cranach des dizaines de portraits de son prédécesseur. A travers ces œuvres, Jean 1er de Saxe souhaitait ainsi honorer la mémoire du célèbre prince-électeur. Les portraits du défunt étaient souvent accompagnés d’un pendant, représentant Jean le Constant, comme pour asseoir la légitimité de l’héritier. Ces représentations de Frédéric âgé appartiennent à un style de portrait qui s’est développé aux environs de 1522 : le prince-électeur est plus ou moins tourné vers la droite, porte une toque noire, et a une barbe plus longue que sur des tableaux plus anciens. Cet exemplaire exposé à Paris provient du Château de Gottorf, et rappelle un tableau réalisé en 1527 à Darmstadt, représentant le prince-électeur en demi-grandeur, jusqu’en dessous des mains. A noter que le portrait de Gottorf a pu être découpé, puisque sa largeur correspond à celle d’autres portraits de Frédéric dans la même position, avec une main ou deux mains. De par leur qualité et leurs dimensions, les tableaux de Gottorf et de Darmstadt se distinguent des nombreux autres portraits du prince-électeur, en général plus petits.

 

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