Peinture

« La Crucifixion des Ecossais »

CRUCIFIXION (« LA CRUCIFIXION DES ECOSSAIS »)

 

Ce tableau, sans date, ni signature, est presque unanimement considéré comme la plus ancienne œuvre de Cranach. On sait qu’il a été peint vers 1500 à Vienne, où le peintre franconien a vécu provisoirement, jusqu’à ce qu’il rejoigne la cour du prince-électeur de Saxe à Wittenberg. A Vienne, l’artiste fréquente les milieux humanistes réunis autour de Conrad Celtes, qu’il met en scène dans plusieurs tableaux. Sans doute le commanditaire de cette toile faisait-il partie de cette sphère. Le tableau tire son nom du Schottenkloster de Vienne (« Monastère des Ecossais »), où il est aujourd’hui conservé. A peu près à la même époque ou quelques temps après, Cranach a réalisé deux gravures sur bois sur le thème de la crucifixion, dans un format similaire à celui-ci.

Nous ne savons exactement à quel moment et pour quelle raison Cranach, alors âgé d’une trentaine d’années, s’est rendu dans la métropole du Danube. Il est clair cependant que le peintre franconien y a forgé un style expressif et impétueux, qui caractérise les œuvres réalisées à cette époque et culmine avec « La Crucifixion des Ecossais ». L’expressionnisme y est remarquable, en particulier dans la représentation des crucifiés, cloués à des croix en bois brut. L’artiste innove en faisant subir le même sort aux voleurs (habituellement attachés à la croix), mais aussi en optant pour la représentation archaïque à quatre clous, pour un Christ ruisselant de sang. On retrouve des motifs caractéristiques de l’art franconien ancien, ainsi que des références aux gravures sur bois de Dürer. Cranach aurait pu prendre connaissance de ces œuvres lors d’un séjour à Nuremberg, la capitale franconienne de l’art et du commerce. Il est même possible que Cranach ait travaillé pendant quelques temps à Nuremberg, compte tenu de la proximité géographique de la ville avec son lieu de naissance, Kronach en Haute-Franconie. Enfin, on remarque que certains soldats à cheval portent des costumes polonais : Cranach aurait donc pu également séjourner en Pologne.

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