Peinture

L’Eternel Féminin ou Le Veau d’or

L’ETERNEL FÉMININ

 

C’est un imaginaire tourmenté et méfiant qui domine cette toile. Dans un atelier, une femme pose, lascive, au deuxième plan et au centre de l’espace. Telle une idole, elle est installée sous un dais formant un losange. Ses yeux sont figurés par deux taches rouges qui contrastent fortement sur ce fond blanc et expriment une forme de violence.

Autour d’elle, sur la droite, des saltimbanques et un orchestre dont on perçoit presque la cacophonie. Sur la gauche, des personnages socialement bien établis comme ce cardinal que l’on reconnaît à sa coiffe et sa crosse.

L’espace, qui n’est pas figuré de façon réaliste, vient renforcer le sentiment de désordre autour de cette femme. L’artiste construit plusieurs plans en multipliant les lignes et points de vue. Le cadre d’un tableau que l’on aperçoit dans la partie supérieure est la seule ligne horizontale du tableau. Ce n’est pas un hasard, Cézanne veut ainsi exprimer où se situe la véritable stabilité en ce monde. Le reste de la toile est construit de diagonales et de plans verticaux.

Cézanne déconstruit l’espace  : par exemple le plateau de fruits porté par l’homme au bonnet rouge à droite du cardinal, est comme relevé à la verticale. Cette construction de l’espace dans laquelle la profondeur est subordonnée au plan permet à l’artiste d’exprimer un univers dominé par l’inquiétude. Pour Cézanne, la perspective est une convention qui peut être abandonnée au profit d’une composition qui vaut par sa cohérence interne.

 (Auteur : Marguerite Moquet)

 

< Revenir au parcours numérique