Man Ray, sans titre
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Man Ray et Anja Aronowsky Cronberg

L’industrie créée pour répondre à nos désirs est un système aussi paradoxal que complexe, et rares sont les secteurs qui sont si souvent décriés par ceux qui n’en font pas partie. Le travail des enfants, la surproduction, la surconsommation, les canons de beauté intransigeants et les dégâts environnementaux ne constituent qu’une partie des problèmes qui préoccupent les amoureux de la mode.

La mode est un système facilement condamnable. Superficielle, changeante, frivole, complaisante… Elle a déjà fait l’objet d’innombrables invectives. Les amateurs de mode consciencieux se sont sans doute demandés plus d’une fois si la mode telle que nous la connaissons aujourd’hui pourrait survivre sans l’abondance matérielle à laquelle nous nous sommes habitués ou sans les idéaux que nous avons créés et qui nous poussent à vouloir sans cesse devenir de meilleures versions de nous-mêmes.

La mode semble se réjouir d’être une zone de rébellion dans laquelle même les plus raisonnables d’entre nous cèdent à la transgression, à l’irrationalité et parfois au caprice. Peut-être avons-nous besoin de cet univers pour nous libérer d’une existence qui, autrement, serait trop strictement conditionnée. À travers la mode, nous pouvons être coupables d’incohérences et d’écarts de conduite, et offrir une pause aux meilleures versions de nous-mêmes. La mode est un domaine dans lequel transgression rime souvent avec plaisir. En cette période d’introspection et d’incertitude déclenchée par le coronavirus, je pense qu’il est important d’en avoir conscience. Nos imperfections morales et physiques sont une cause de honte constante, mais, pour paraphraser Sartre, c’est dans cette honte que nous pouvons dévoiler les aspects les plus intimes de notre être.

Anja Aronowsky Cronberg, Chercheuse au London College of Fashion, créatrice de la revue Vestoj

 

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