Ann Teresa de Keersmaker, Rosas dans’t Rosas
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Quand la poésie de Stein se découvre à travers la musique et le théâtre

C'est à travers les formes artistiques vivantes que Gertrude Stein, écrivaine, parvient à conquérir son public dans le domaine de l'art. En fusionnant musique, théâtre, danse, langage abstrait et opéra, elle captive les foules et stimule la créativité d'autres artistes. Mettons en lumière cet aspect enchanté de l'œuvre de Stein, qui la positionne comme une figure de l'avant-garde au XXe siècle !

Stein touche son public à travers les arts vivants

Malgré sa plume prolixe et inventive dès son arrivée à Paris 1903, Stein n’a rencontré qu’un succès tardif. Il faut attendre la parution de son livre Autobiographie d’Alice B Toklas en 1933 et… la mise en scène d’un de ses opéras en 1934 !

Four Saints in Three Acts
Four Saints in Three Acts Livret de Gertrude STEIN (1927), Musique de Virgil THOMSON (1928) © Yale Collection of American Literature, Beinecke Rare Book and Manuscript Library

 

La collaboration entre Gertrude Stein et le compositeur Virgil Thomson, surnommé le « Satie américain », dans la création de la pièce Four Saints in Three Acts, remporte un vif succès populaire aux États-Unis. Peu fréquemment mise en scène de son vivant, la chorégraphie adopte les éléments caractéristiques de Broadway et le compositeur fait appel à un chœur noir recruté dans les églises et boîtes de nuit de Brooklyn et de Harlem – un événement exceptionnel dans l’Amérique ségrégationniste des années 1930 !

Au même moment, le compositeur John Cage s’approprie l’œuvre de Stein. Il se positionne parmi les premiers à explorer toutes ses potentialités poétiques et performatives. La poétique steinienne devient alors une grande source de composition : Three Lives (1909) intègre des textes de la poète et Living Room Music (1940) propose un jeu sur des objets domestiques, à l’instar de Stein et de ses « natures mortes » (still lifes) dans Tender Buttons.

John Cage occupe un rôle central dans la lecture et la diffusion de l'œuvre de Gertrude Stein dans le milieu de l’avant-garde new-yorkaise. Suivant le modèle de l’atelier européen, il rassemble autour de lui Merce Cunningham, Robert Rauschenberg, Jasper Johns, Andy Warhol ou encore Nam June Paik. Dans une dynamique chère à Stein, ces artistes aux disciplines variées développent une pratique expérimentale et collaborative. Leur approche de travail est itermédiale - c’est-à-dire que chaque médium existe de manière indépendante au sein d’une même performance.

Musique, danse, théâtre, mots abstraits… et la magie opère !

Vous l’aurez compris : Stein communique son désir de transcender les frontières entre les arts, notamment entre la danse, la musique, le théâtre et la poésie. Elle abolit ces distinctions en forgeant un objet-temps entre la création chorégraphique, la composition musicale, l’image et la performance plastique.

Cette conception cubiste influence le milieu underground des années 1960 aux États-Unis puis infuse les arts performatifs et l’art minimal.

Le compositeur Al Carmines collabore avec la chorégraphe Yvonne Rainer pour présenter la pièce de Stein What Happened. A Five Act Play en 1964 au Judson Dance Theater et raconte :

Nous avions créé un théâtre de danse et un théâtre d’art dramatique. Et j’étais compositeur. Ce qui s’est passé, c’est que nous avons combiné beaucoup d’éléments de ces deux structures pour concevoir l’une des premières pièces de théâtre abstraites jamais jouées à New York. Il s’agissait de la pièce de Gertrude Stein intitulée « What Happened ». Musique, danse, mots abstraits : tous ces éléments s’unissant dans une sorte de magie.

Al Carmines
 Lucinda CHILDS Dance
Lucinda CHILDS Dance, 1979, Musique de Philip Glass Décors de Sol Le Witt Photos de Sally Cohn © Sally Cohn, c. 2009

De la même manière, Dance (1979) de Lucinda Childs avec une composition musicale de Philip Glass et une mise en scène de Sol LeWitt, puise son inspiration chez Stein en mêlant musique répétitive, surimpression et démultiplication des rythmes et des images par des projections vidéo… Une véritable décomposition cubiste !


Appreciez l’apport majeur des écrits de Stein et sa vision interdisciplinaire de l’art en ce moemnt au Musée !

 

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Du 13 mars au 11 août 2024
Tarsila do Amaral, Villarejocom ponte e mamoeiro, 1953
"Tarsila do Amaral. Peindre le Brésil moderne" : 1ère rétrospective intégrale de son Œuvre en France

Dès le 9 octobre au musée